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 Dancing on lines not to cross [Lev]

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chute libre
Katsiaryna Yaroslav
Katsiaryna Yaroslav
chute libre
HIVERS : : 33 ans BRATVA : : Vostokovitch BRANCHE : : Courtoise Convoitise LABEUR : : Bratok capricieuse CAPACITÉ : : Ombre III NIV. : : 3 SYNDROME : : Des voix plein la tête pour prendre le silence en otage. IMPOSTURE : : Consultante rôdant du côté des flics et des friqués STATUT : : Electron libre ÉCHOS : : Voleuse aux doigts de fée, valseuse de tous les risques. Peste puérile et indomptée. Dancing on lines not to cross [Lev] Tumblr_ly8h1sPPxR1qkwbyqo1_500 ROUBLES : : 88 TEINTE : : ivory MÉFAITS : : 304 ID & GUEULE : : Spades, Astrid Bergès Frisbey ESSOR : : en pointillés CRÉDITS : : Spades (avatar), Pando (signa) ERRANCE : : 31/08/2016
Mar 27 Sep - 16:15
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Dancing on lines not to cross

Le pas est léger, la silhouette gracile. Couronnée de mèches indomptées qu'un chignon lâche tente de domestiquer, elle valse sur les pavés et les toits avec la même aisance, avec le même silence. Toute en pattes de velours et iris nyctalopes, la féline se fait ce soir à son tour chat de gouttière – créature indocile que l'interdit appelle ici. Qu'est l'interdit, de toute façon, sinon un défi ? Une ligne sur laquelle danser. Une ligne de laquelle tomber. Elle secoue la tête pour faire taire le choeur qui en son cœur ronge le peu de frein à ses déraisons et ne récolte pour la peine que des échos qui se révoltent. Tant pis. Elle a l'habitude des bruissements qui lui pourrissent la vie et l'esprit.

Car Kat vient ici en cette nuit sur un caprice, un élan improbable de son myocarde. Elle le sait. Du fond de son être elle le sait mais la raison est seule à n'avoir pas voix au chapitre de son histoire, à la chaire de ses décisions. Comme s'il y avait une chaire dans la cathédrale de tes pensées. Non, non. Juste un amphithéâtre rond comme un cercle de l'Enfer. Aucun ange et rien que des démons. Elle s'arrête le temps de considérer l'édifice qui lui fait face. La façade est d'un banal brutal, comme le sont toutes les constructions de routines. Le regard s'en détournerait machinalement, dans un réflexe de désintérêt mécanisé. Elle soupçonne que ce soit toute la beauté de l'idée d'abriter derrière cet ordinaire fait matière les jeux et enjeux à la légalité douteuse de la Zapadovitch. Il est encore temps de tourner les talons, qu'elle se répète, Katsiaryna. Ses pas l'entraînent pourtant de l'avant. Il serait temps, certes, mais l'attrait de l'adrénaline est bien plus tentant.

La peste plonge de son perchoir vers l'abri d'une allée de laquelle ressortir, l'air de rien – l'oeil trop vif, le sourire trop corrosif. Elle emplit ses poumons de l'air de cette soirée comme si cette bouffée devait être la première et la dernière. Rafale de vent pas farouche, sa forme fine s'engouffre dans un groupe qui passe à sa portée – des donzelles pas plus âgées qu'elles qui s'encanaillent, des escarpins aux talons et des rêves broyées en poudre blanche dans les veines. Sur leurs soieries chatoyantes, des perfectos de cuir les proclament rebelles d'un soir. Faussaire d'attitudes plus que d'oeuvres, Kat se glisse entre elles avec ce naturel que possèdent les sans-gênes, glisse un bras au creux d'un autre et rit de leurs plaisanteries – déjà intégrée, déjà adoptée, et probablement déjà en phase d'être oubliée. Et, alors qu'elle marche avec elles vers leur destination, Kat, elle se demande si au fond de leurs iris c'est l'alcool ou la routine qui affadit l'éclat de leurs regards. Dans le doute, elle courbe la nuque et voile de cils ses iris en passant devant les cerbères – et sitôt que leurs soupçons ont ricoché sur le bouclier gloussant, s'éclipse et s'évapore.

Le nuage de gloussements et de bruissements soyeux dans lequel elle a noyé ses silences, une dernière fois, fait écran de fumée à l'insu de son plein-gré. Un passe-partout glisse sans bruits, dans la serrure d'une porte où un panneau « accès interdit » est ignoré et nargué. Au milieu des sons de talons que le parquet, le cliquetis de la porte qu'on pousse passe inaperçu. Déjà, le groupe est passé, délesté de l'intruse qui le parasitait. Dans la volée d'escaliers, Kat file, le pas et l'esprit légers. Chaque marche enjambée semble la dépouiller de la fausse humilité qu'elle arborait, de la discrétion forcée sur son échine qui, toujours, à plier rechigne. Dans l'obscurité où, pense-t-elle, personne ne peut la voir, elle bourgeonne, belle-de-nuit bravache. Princesse auto-proclammée, elle se plaît à penser que le risque ceint ses tempes comme pour la couronner. Pas folle pour autant, l'oeil reste alerte et le pas leste quand, au coin d'un couloir ou d'un carrefour, l'écho de foulées qui ne soient siennes résonnent et l'encognent dans un refuge précaire – un coin d'ombre, un détour, une poutre de combles...

Non sans impatiences, cependant, l'intruse trouve la porte, la seule. Pas de passe-partout pour celle-ci. Pas de passe-partout pour l'enfer des audacieux. Le paradis a des clés mais ton enfer, ô ton enfer a des pièges à ours placardés de panneaux « ne pas fouler au pied ». La silhouette de Kat se plie devant l'ouvrage qu'est la serrure – composition parfaite d'engrenages ciselés et de cliquetis muselés. Entre ses doigts, les crochets discrets se font archets d'une symphonie millimétrée, d'une mélopée que chantent ses phalanges et le choeur discordant sous son crâne. Apothéose, la porte pivote. La brune pose le pied dans cet antre de secrets. Déjà, l'iris rôde là où le corps traîne – cherche le signe d'un piège, d'une présence. Rien ne saute à ses yeux nyctalopes. Déjà, les prunelles scrutent les ouvertures et sorties, des fois qu'il faille partir précipitamment – car le battant, sitôt ouvert, a été repoussé dans ses charnières.

Enfin, les poumons s'emplissent du parfum de la pièce. L'air n'y est pas différent de celui derrière le battant, mais il n'en porte pas moins le goût d'une victoire absurde. La sensation fondant sur sa langue comme une friandise, la féline s'aventure plus avant. Les doigts délicatement gantés glissent sur les meubles à portée, caressent un travail d'ébénisterie avec ce que Katsiaryna a de plus proche du respect, enfin se tournent vers les vitrines de verre. Le visage s'approche, l'oeil vif, et cherche – car de tous temps, les hommes ont mis sous verre et sous clé leur cœur : les avares cachent leur or ; les amants enferment les lettres et présents de l'être aimé ; les artistes cachent les mots écrits de leur encre et de leur sang... mais les araignées et méduses sous verre comme autant de vivants secrets, elles, sont l'apanage d'un seul.

claude gueuse
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venomously yours
Lev Sianov
Lev Sianov
venomously yours
HIVERS : : Cinquante cinq ans de survivance dans le lacis scélérat de Saint-Pétersbourg. LABEUR : : Faciès avunculaire & conseiller du Pakhan, endimanché Baron qui entretient le show de sa Bratva. CAPACITÉ : : C'est la Mare bien peignée, une goutte de fragrance d'obscurs tourments sur chaque tempe et le phonème suave pour incanter à l'onirique et aux réminiscences. Il est la Chimère copurchic avec son eau-de-toilette niveau 3, et le diable se refuse à un quatrième seuil miasmatique. SYNDROME : : Les noirs songes spoliés aux hères ont verdoyé en des miscellanées lancinantes, des légions de succubes cauchemardesques qui violent le voile de ses paupières, le lardent et abandonnent exsangue le sommeil. Quand ce ne sont pas eux, les démons violateurs, c'est l'agrypnie qui fait florès et dépouille l'Esthète de son bon acabit. STATUT : : L'alliance à la phalange, sixième maillon rubigineux de la chaîne matrimoniale, il a pour captieuse moitié une prostipute d'apparat dont il exhibe les charmes à l'instar des jantes d'une nouvelle Bugatti. L'apsara est le fantoche de sa Mascarade, jusqu'au prochain caprice. ÉCHOS : : Il est le Patricien à l'attrait indicible, le lingual fourchu tant madré qu'il crée ainsi des macrocosmes entiers de mysticisme. C'est un négrier de désirs et cautères tout apprêtés, il a la rhétorique et le magnétisme de son côté, sérail d'apôtres et de subjugués à ses pompes cirées. Mais l'élan goguenard et agitateur camoufle une hideur de mauvaise foi, l'ombrageux vainqueur par défaut pour qui la fin justifie les moyens. Dancing on lines not to cross [Lev] Vfqz ROUBLES : : 201 MÉFAITS : : 200 ID & GUEULE : : Lev. CRÉDITS : : ALAS. ERRANCE : : 04/09/2016
Mer 28 Sep - 0:22
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grise arantèle

chélicères dans la moelle


O
bscurs songes et ectoplasmes tourmenteurs, dans la caboche cabotent, les synapses sillonnent, pavillon noir hissé haut – à l'abordage de ce traître démon ! Symbiose d'un bien mauvais genre, ouvrage ce pandémonium onirique qui constitue sa damnation, cet immuable pensum qui escorte la sacralisation inhérente au loyalisme de la Bratva. L'on obtient rien sans rien, béni d'une main, maudit de l'autre, ange à cornes et queue acuminées qui erre parmi les Profanes. Coincés entre les mondes, voilà ce qu'ils sont, à tenter d'apposer l'estampille de leur existence, à s'échiner que le sceau des déités demeure à travers le temps. Elus ou damnés, parfois, il se le demande.
Les paupières frissonnent, labourées et violées par des spectres d'humeur sémillante, et il espère encore qu'au bout de l'effort, il glanera une once de repos. Une accalmie, voilà ce que quémandent ses patenôtres, que Morena exorcise son syndrome avant qu'à la vésanie il ne succombe. Les phalanges, fébriles, grattent le front, déracinent le crin suranné que trahit la couleur de cendres. Il aimerait entrer, forer dans la boîte osseuse pour liquéfier l'encéphale cacochyme, se bâfrer de sa propre cervelle si cela pouvait l'amener à sommeiller. Foutue agrypnie qui le dévore, elle lui suce la moelle comme une hydre alouvie, et plus il tente de trancher, plus les titanesques gueules foisonnent. Il en perd patience autant qu'intellect, à la cacophonie des jeux de pugilat il n'a finalement pas pu résister, clabaudages et glapissements n'étant que du propane à son éreintement et aux céphalées qui accompagnent. Trop de sorgues exsangues, délavées au prisme infernal des cauchemars latents et amoncelés aux phobies des hères jadis victimes de son talent. Lev abhorre cette image des sombres périodes, les calots cerclés et les rides plus cannelées encore, ce n'est point lui, point le beau sire dont il veut gerber toute la magnificence.Alors, il dérobe un instant, un seul, durant lequel il prie autrui d'omettre jusqu'à sa précellence, et claquemuré dans le noyau cométaire de son anathème, il s'abandonne au sort.

L'effroyable érubescence d'un énième épouvantail à la berge de son esprit lui arrache un soubresaut, il manque d'en choir de son fauteuil, lacère quasiment le cuir de ses courtes serres. Les persiennes de chair s'écarquillent et le céruléen insipide des iris se fond dans la pénombre globale de l'antre, seuls, de fluets faisceaux sélénites filtrent par-delà les stores en guise de luminescence. Le quidam se penche vers l'avant, pattes aux entours du faciès, il gondole et fait crever ses bronches alternativement jusqu'à ce que l'eurythmie cesse de pilonner. C'est qu'à force, son poitrail est une enclume usée, sur laquelle il n'a que trop ouvré d'armes cette décade passée. Il se frotte un œil tandis que l'autre se fait bohème dans la pièce, puis il desserre sa cravate zinzoline. Un foutre sapide et un cul d'apollon, voilà qui ferait son opium.

Un son, soudain, curieux et inopportun, harpe toute son attention en direction de l'entrée verrouillée de l'intérieur. L'on fourre la serrure, l'on y triture, avec l'intention vile d'en venir à bout. Une façon autrement moins usuelle de pénétrer le lieu que de frapper au bois pour s'annoncer – dans la mesure où, là aussi, on le sache occupé. Nul de ses clebs n'aurait la présomption de se délasser à pareille effraction, car l'on crochète, il en est autant pantois qu'assuré. Le mystificateur se lève précautionneusement, sans un bruit, mais avec l'impérieuse envie de confronter l'éhonté qui s'y ose. L'intuition, toutefois, ondoie tant et si bien qu'il lui lègue toute souveraineté, et à peine la porte s'entrebâille t-elle que le néant lèche le galbe du Baron pour l'oblitérer de cette dimension. Teintes et matières se dépigmentent, la fragrance s'estompe, immatériel devient le corps.
Inapparent, simulacre de revenant qui s'amuse des vivants, il contemple la féline pénétrer et refermer dans son sillon. La figure circonspecte se penche côté dextre, singerie d'un animal intrigué, la babine est toute flegme mais prête à croquer la jugulaire. La brune gourgandine lui passe devant, il liche le déhanchement feutré du regard et se prend de la suivre, paluches nouées dans l'échine. Il n'est qu'ombre. Son Ombre. Lorsque les pas cessent, il est presque conglutiné au râble de l'inconsciente pauvrette, les yeux fichés sur cette nuque gracile que la coiffure a tout loisir de dévoiler. Y planter ses crocs et drainer son impudence jusqu'à l'ultime perle carmine. Desiderata morbide qu'il occulte pour mieux s'abaisser sur l'épaule, et observer de très près cette carnation d'albâtre ainsi que le cynisme de ce doux minois. Inconnue au bataillon, qu'il constate, et autant qu'il sache, la ribaude peut être  féale de n'importe quel cloître scélérat de Saint-Pétersbourg – même de la Bratva dont il est le suzerain, après tout, la félonie fleurit parfois dans les âmes les plus sottes. L'intérêt semble brasiller quant aux créatures dont recèlent les abris diaphanes, petite idiote, en plein cœur de la plus vénéneuse des arantèles de cette misérable citadelle.

Machiavélisme et imagination fertile sèment leur ivraie, germe une lubie qui cisaille un sourire madré aux lippes baronniales. De foulées discrètes, Lev s'éloigne, il fait le tour de sa proie, jusqu'à un meuble cossu sur lequel trône une cage de cristal, gardienne d'une arachnide immobile. Il s'en saisit, puis la fait lentement pivoter sur elle-même, juste, là, sous la truffe de l'apsara jusqu'à ce qu'elle se fasse empaler par la huitaine d'yeux fuligineux. Mouvance hantée et inexplicable, un susurre à peine audible en guise de point d'orgue. « Bibbidi... » Soupire algide, et le fantôme de se déplacer en arc de cercle à l'instar d'un lion autour de son gibier. Un second buffet atteint et, tirant profit du légitime effarement de la sylphide, il jette son dévolu sur une autre cloche à la panse garnie d'une araignée plus hirsute et imposante que la première. Cette fois, il lève le couvercle, et sitôt un aquilon de liberté ressenti, la tisseuse avance, mutique dans sa danse. « Bobbidi... » Phonème plus distinct, poudre à canon pour la hideuse bestiole qui se propulse, saute gaillardement pour atteindre non pas la donzelle, mais le mur non loin d'elle. Risette carnassière à l'effluve capiteuse d'une fièvre qu'il sent grimper, d'une conviction d'être seule désenchantée, l'onctueux histrion recule, se positionne pour l'apothéose. Lorsque l'intruse fait volte-face, c'est pour mieux se faire oindre la glabelle par le canon lustré d'un pistolet. A son antipode, un diable riant. « Boo ! » Emancipé de sa cape incorporelle, le voilà de sa carne présent, la senteur entêtante de son parfum comme âcre odeur d'échec.

Il la sonde, bestio archaïque sous la soie régalienne, il lui fait montre de ses opales canines tel un dracula triomphant. Les tisons valsent en auréole luciférienne à la faîte du crâne,  y a ce désir viscéral de cribler cette face poupine jusqu'à ce qu'elle devienne charpie dans la gamelle des chiens de combat. Pléthore d'exquises esquisses quant à quoi faire d'une leste peste, parole de munificent bourreau. Le pouce gigote, et au mécanisme de pépier pernicieusement – le chien est désormais armé. « Fort aise de te convier en tapinois, voilà qu'il va te falloir passer soirée avec l'hôte de ces bois. » Le métal brusque le front de manière à ce que la naïade se dirige, à reculons, vers le point cardinal souhaité. Une fois à hauteur des fauteuils et canapé, lui de poursuivre de sa belle voix. « Prends place, je t'en prie. » De bon ou de mauvais gré, elle doit se résigner à s'asseoir. Cela fait et sans obvier le flingue qui menace, Lev s'en va actionner l'interrupteur pour les révéler tous deux à la lumière.
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Katsiaryna Yaroslav
Katsiaryna Yaroslav
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HIVERS : : 33 ans BRATVA : : Vostokovitch BRANCHE : : Courtoise Convoitise LABEUR : : Bratok capricieuse CAPACITÉ : : Ombre III NIV. : : 3 SYNDROME : : Des voix plein la tête pour prendre le silence en otage. IMPOSTURE : : Consultante rôdant du côté des flics et des friqués STATUT : : Electron libre ÉCHOS : : Voleuse aux doigts de fée, valseuse de tous les risques. Peste puérile et indomptée. Dancing on lines not to cross [Lev] Tumblr_ly8h1sPPxR1qkwbyqo1_500 ROUBLES : : 88 TEINTE : : ivory MÉFAITS : : 304 ID & GUEULE : : Spades, Astrid Bergès Frisbey ESSOR : : en pointillés CRÉDITS : : Spades (avatar), Pando (signa) ERRANCE : : 31/08/2016
Jeu 29 Sep - 17:16
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Dancing on lines not to cross

Elle est le silence et sa mort à la fois. Ombre à la peau trop pâle pour n'être qu'un pan de ténèbres, elle s'avance et ses pas n'ont d'écho que sous son crâne – des cantiques grégoriennes et mystiques, pour les vitraux de soie fine que tissent les anges arachnides en leurs demeures de verre. Des fredonnements dissonants qu'il lui faut taire pour le moment. L'iris vert, avide de visions ce soir plus que de richesses, se rive et se visse sur les veuves vivaces – noires pour les plus classiques, vertes et vivement colorées pour les plus toxiques. Des bijoux de chitine qu'il serait si peu avisé de vouloir dérober. Imagine-les en collier animé au protéisme débridé. Imagine. La mort galopant sur ta peau nue en plastron ondoyant. Elle jurerait sentir le souffle de leur course sur sa nuque. Grisant. Délirant, ou peut-être déliré. Sur un frisson, elle se détourne – et dans le mouvement, perçoit celui presque symétrique, qui l'accompagne.

Bibbidi...

En face, une cloche de cristal à défaut de résonner des échos dont son imagination l'en pare, pivote et lui fait face. Fascinée, la féline fixe le phénomène. Pétrifiée. Pendant un instant, elle se dit que ça y est, Kat – que les fissures qui fracturent sa psyché se sont révélées au monde entier et qu'elles suintent leur démence dans la réalité. Que, d'une façon ou d'une autre, les démons qui dansent dans ses désirs s'en sont évadés. Pour te crucifier. Pour te condamner. Te brûler au bûcher de tes insanités. Les prunelles vert chat de gouttière croisent huit globes comme des agates noires et minuscules. De fils de marionnettistes, dissimulés entre les fils de soie, elle ne trouve pas. Et pourtant, l'arachnide s'érige en juge mutique de ses caprices, minuscule magistrate.

Bobbidi...

L'ouïe trop fine tend l'oreille et trouve, au sein des ténèbres, l'écho du spectre – ou de ses spectres évadés d'une conscience trop souvent ignorée. Elle n'a pas encore tranché. Déjà voici qu'entre en scène le premier juré. Danseuse aux pas délicats, valseuse ivre d'une liberté nouvelle, elle s'élance et enlace le mur de sa fuite, avide d'espace. L'émerveillement face à la finesse de ses gestes fond cependant pour la cambrioleuse. La peur n'a pas de prise sur elle, qui n'est brave que quand il s'agit d'être bravache. Dans son esprit, cependant, se fait une lente lumière : quelque chose ne tourne pas rond. Tes araignées au plafond fuient sur le plancher. Une fois pour le hasard ; deux pour la coïncidence... Kat toutefois ne croit guère aux coïncidences. Kat croit à l'inéluctable, aux dieux pluriels qui les damnent, qui donnent pour plomber plus que pour sauver – et, contre son gré, aux démons que l'on exorcise et exile au fond de ses folies. Sur son front, la tiare de fierté titube et se trouble. Elle tourne les talons – pas pour fuir car la fumeuse intruse n'a jamais fait sien ce réflexe mais pour du moins ne pas contempler de trop près les vestiges de sa sanité.

"Boo !"

La prunelle s'agrandit à la mesure de l'arme qui l'accable – de stupeur plus que vraiment d'horreur. Trop perchée pour pensée être prise, la peste prend soudain la mesure du danger qui sur son front vient remplacer sa couronne d'un canon. Les voiles sont tombés : du néant surgit le danger. Le Diable en Prada qui parade pour tes démons. D'odeur de souffre pour annoncer ce diable, cependant, nul signe. Le parfum est celui d'une cologne capiteuse – mais terrestre. L'iris glisse, le long de l'acier luisant, trouve à son bout le bourreau qui, elle le jurerait, en cet instant hésite à caresser la gâchette juste assez pour mettre fin à ce que les médisants appellent son gâchis de vie. Kat le darde d'un oeil accusateur, culottée créature qui voit en l'apparition plus encore qu'un péril une vexation. L'apparition, pourtant, n'en perd pas une once de prestance, couronné qu'il est d'une victoire anticipée et d'un sourire acéré.

Dans la symphonie de ses silences souillés d'impudence, le cliquetis du chien retentit comme une fausse note – ou un point d'orgue, peut-être. La brune n'est pas bête au point de ne pas reconnaître le bruit. Les chiens, elle ne les connait que trop bien – ceux qui hurlent des alertes de crocs ou de plombs, éternels ennemis des félins indiscrets. Acculée, la cambrioleuse rompt son immobilité et recule. De statue d'albâtre, elle se fait danseuse et, bon gré mal gré, laisse le cavalier mener ses pas où il lui sied. Le sourcil, cependant, se hausse et se mutine. La voix, sans élever le ton, faussement s'indigne.

"Je suppose que c'est un juste retour des choses que vous me voliez mon rôle – ne suis-je pas censée jouer la partition de la renarde, à ce stade ?"

Non dément le choeur de démence. C'est toi qui vole et qui tombe. Toi qu'on tire à la fronde – ou sur laquelle on tire pour ta fronde. Corbeau. Elle pince les lèvres pour les sceller – et, peut-être pour contrarier les vers qui rongent sa psyché, se laisse en effet tomber sur le canapé désigné. Pas de très haut. Pas très vite. On ne voudrait pas trop tôt inciter le flingue à chanter un tout autre couplet, pas vrai ? L'air de reddition de cette abdication, pourtant, ne lui plait guère. L'ordre obéi lui a coupé sous le pied et l'herbe et le saut par lequel pourrait venir son salut et sa liberté. La plante pourtant reste rivée sur le plancher – des fois que l'ouverture passe à portée, sait-on jamais.

Elle plisse ses lèvres en une moue guère amusée quand la lumière pleut sur elle – le dos enchâssé dans le canapé comme si elle avait tout droit d'y trôner, la volonté de s'en relever ciselée dans un frémissement de doigté. Exposée dans toute sa fausse fragilité qu'un oeil trop audacieux dément, la silhouette de sylphide étend le long du dossier ses bras comme des ailes tronquées. Les mains demeurent visibles pour ne pas la faire accuser de fomenter quelque coup fourré. Enfin, le profil se détourne, examine les lieux comme pour découvrir en eux des mystères soudain exposés à la lumière – et, surtout et avant tout, pour chercher la cloche renversée dont elle se demande encore si elle l'a hallucinée.

"C'est joli chez vous" qu'elle commente, l'insolente, au milieu des cages vitrées des araignées.

C'est joli chez lui, il est vrai – mais les lieux, elle le sait, ne sont pas supposés accueillir son regard indiscret. Toutefois, ni le canon ni le Baron n'ont encore posé le prix de la violation de leurs secrets. Kat qui voulait voir quel coeur cache l'homme en son antre soudain se prend à regretter de ne pouvoir lire ses pensées.

claude gueuse
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Lev Sianov
Lev Sianov
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HIVERS : : Cinquante cinq ans de survivance dans le lacis scélérat de Saint-Pétersbourg. LABEUR : : Faciès avunculaire & conseiller du Pakhan, endimanché Baron qui entretient le show de sa Bratva. CAPACITÉ : : C'est la Mare bien peignée, une goutte de fragrance d'obscurs tourments sur chaque tempe et le phonème suave pour incanter à l'onirique et aux réminiscences. Il est la Chimère copurchic avec son eau-de-toilette niveau 3, et le diable se refuse à un quatrième seuil miasmatique. SYNDROME : : Les noirs songes spoliés aux hères ont verdoyé en des miscellanées lancinantes, des légions de succubes cauchemardesques qui violent le voile de ses paupières, le lardent et abandonnent exsangue le sommeil. Quand ce ne sont pas eux, les démons violateurs, c'est l'agrypnie qui fait florès et dépouille l'Esthète de son bon acabit. STATUT : : L'alliance à la phalange, sixième maillon rubigineux de la chaîne matrimoniale, il a pour captieuse moitié une prostipute d'apparat dont il exhibe les charmes à l'instar des jantes d'une nouvelle Bugatti. L'apsara est le fantoche de sa Mascarade, jusqu'au prochain caprice. ÉCHOS : : Il est le Patricien à l'attrait indicible, le lingual fourchu tant madré qu'il crée ainsi des macrocosmes entiers de mysticisme. C'est un négrier de désirs et cautères tout apprêtés, il a la rhétorique et le magnétisme de son côté, sérail d'apôtres et de subjugués à ses pompes cirées. Mais l'élan goguenard et agitateur camoufle une hideur de mauvaise foi, l'ombrageux vainqueur par défaut pour qui la fin justifie les moyens. Dancing on lines not to cross [Lev] Vfqz ROUBLES : : 201 MÉFAITS : : 200 ID & GUEULE : : Lev. CRÉDITS : : ALAS. ERRANCE : : 04/09/2016
Sam 1 Oct - 19:59
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grise arantèle

chélicères dans la moelle


L
uminescence artificielle invoquée larde le voile enténébré du secret, la fuligineuse larronnesse n'a plus de pénombre où s'embusquer. Sibyllin lépidoptère captif de la toile de l'arachnide, docile face aux gourmands chélicères. Car les glandes salivaires humectent, prêtes à se repaître de la joliette denrée, elles exsudent le venin fiévreux de percer la carnation pour mieux s'enchevêtrer dans l'ichor. Vicier les marbrures jusqu'à putréfier le myocarde. Ou peut-être, l'ankyloser, mais la garder en éveil, à la contemplation morbide de chaque entaille vouée à la dépiauter. Au plus il observe les traits du coquin minois, au plus il trouve prodigieuse l'idée d'en faire l'holocauste de son aversion pour le genre qu'elle représente.
Mais il muselle les fantasques démons. Ses incubes profanateurs tout droit accouchés de ses songes galvaudés, ceux qui le dépècent d'un repos dont il pourrait faire outrageusement profit. Nonobstant l'intrusion, par ailleurs, et la fantaisie inhérente à celle-ci, la fatigue se juche toujours à ses cils. Lesté de sa croix en bout de paupière, il coule une paluche le long du museau gourd, et tandis que la nymphe contemple la modeste loge, il lisse le crin cendré vers l'arrière et réajuste sa cravate. Soucieux de son apparat, le beau Lucifer, il jauge la convive bien à son aise et s'interroge. Quelle inconscience, pour l'emporter fureter dans un giron de la Zapadovitch. Quelle infortune, de se retrouver la gigue sous les mandibules du despote en second. Sait-elle seulement ? Harnachée de flegme, d'un quant-à-soi qu'il estime captieux, que peut-elle bien couver. Tirade qu'elle décoche, et le Sianov de lever le menton pour soupeser l'incongruité, forçant la mimique de l'étonnement outragé. « Chez moi ? Ha ! Voilà qu'elle blasphème, maintenant. » Ca lui arrache un ricanement sardonique, et surtout, ça lui ploie un indice. Elle n'est pas infante de la Bratva, l'ignare, auquel cas, elle aurait tenu son lingual. Un diable de copurchic s'érige un empire à son image, géminé à sa gloire et non point à la gloriole de ses pairs. Quel piètre sire il aurait fait, s'il avait qualifié la terne modicité de cet endroit comme son chez lui. Au mieux, une cache de fortune, au pire, un ustensile pour leur corporation de bonimenteurs, voilà ce que sont les choses. « Allons, ma chère, qu'il est mal avisé d'ombrager plus encore son geôlier. Chez moi est un foyer rupin, j'ai un traversin brodé en billets de 5000 roubles, alors, imaginer qu'ici peut être mon antre. Bah ! » Le chef opine négativement, mais l'onctuosité du sourire qui naît semble prouver une moire de mansuétude. « Ce n'est que l'un des gîtes que j'utilise pour le transport et le stockage de mes belles protégées, vois-tu, avant que je ne les ramène chez moi. Ca demande toute une organisation d'être père de famille nombreuse. D'ailleurs... » Il se met à lorgner aux quatre encoignures de la pièce, jusqu'à ce que les prunelles cobalt saisissent la courbe villeuse de l'aranéide sciemment libérée. Pelotonnée dans un coin proche du plafond, la demoiselle est inquisitrice et immobile, ses crochets se meuvent frénétiquement. La vision trouble le quidam, qui incline la caboche sur le côté dans une contenance emprunte de compassion. « Ma pauvre enfant. Là-haut toute angoissée. Les araignées sont très sensibles au stress, ce sont des créatures fragiles. Dommage que celle-ci ait un poil très urticant, autrement, je t'aurais envoyée la récupérer. Mais, je sais prendre soin de mes invités, et nous ne voudrions pas qu'il t'arrive malheur avant de t'avoir soustrait quelques confessions, n'est-ce pas ? »

La risette s'évase et fait poindre un reflet d'une débonnaireté grimée. La main se fourre ensuite dans la poche intérieure de la veste, de laquelle est extirpée un téléphone qui est presque immédiatement positionné à l'oreille. Un mot, un seul, est glavioté d'une note plus gutturale que les autres. L'appareil est aussitôt rangé, et ne s'écoule que peu de temps avant qu'une pléiade de foulées ne fassent écho dans le corridor, jusqu'à l'huis qui se fait baptiser de la symphonie usuelle des phalanges sur le bois. De plusieurs pas obliques, Lev s'y rend et ouvre, dévoilant une trinité d'énergumènes bien peignés et costumés d'obsidienne qui s'avance. A eux trois, ils toisent la sylphide puis offrent un air penaud à leur maître qui sourcille. Son oeillade suffit à souligner la manifeste efficience de ce qui aurait dû être leur vigilance, elle rosse sans vergogne et sclérose les dégaines contrites, avant que les yeux ne roulent dans les orbites. Mal est fait, et il a d'autres palabres desquelles s'épancher qu'en les admonestant comme les bratoks juvéniles qu'ils ne sont pas. « Trouvez de quoi l'attacher, que l'un d'entre vous se poste derrière la porte en partant. Prévenez aussi le reste de vos camarades, qu'ils s'assurent qu'il n'y a pas eu d'autres effractions. Et filtrez-moi un peu mieux cette plèbe, par le Solaire tout puissant ! » Doléance à Svarog faite, l'arme à feu est baissée et rangée. Si Sevastyan avait été là – ah oui, si son clébard patibulaire avait été de ces factionnaires, cette violation de propriété n'aurait pas eu lieu, il s'en convainc. « Ramène moi un verre de vodka l'ami, bien tassé je te prie. » Qu'il somme à l'un des olibrius pendant que les deux autres se chargent du chanvre tressé.

La féline, alors, de se retrouver au bout du compte toutes pattes ligotées, et cible abhorrée des lorgnades assassines des séides qui s'occupent d'elles. Les liens se serrent, écorchent le derme de gypse blanc sans l'once d'un égard – que le sang lui manque, à la catin. Une fois leur besogne accomplie, ils prennent congé, abandonnent les protagonistes à leur conciliabule – de bien mauvais augure, soit dit en passant. Le bassin calé contre l'un des meubles, le Baron fait de son breuvage un baume pour ses lèvres volubiles. Songeur, qu'il se fait, truculent jumeau du Penseur de Rodin. Par où commencer ? « Bien, à présent que nous sommes prêts, nous pouvons entamer les réjouissances. Etant donné que tu as fait fi des formalités, je vais en faire de même ; j'imagine que tu sais qui je suis ? »
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Katsiaryna Yaroslav
Katsiaryna Yaroslav
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HIVERS : : 33 ans BRATVA : : Vostokovitch BRANCHE : : Courtoise Convoitise LABEUR : : Bratok capricieuse CAPACITÉ : : Ombre III NIV. : : 3 SYNDROME : : Des voix plein la tête pour prendre le silence en otage. IMPOSTURE : : Consultante rôdant du côté des flics et des friqués STATUT : : Electron libre ÉCHOS : : Voleuse aux doigts de fée, valseuse de tous les risques. Peste puérile et indomptée. Dancing on lines not to cross [Lev] Tumblr_ly8h1sPPxR1qkwbyqo1_500 ROUBLES : : 88 TEINTE : : ivory MÉFAITS : : 304 ID & GUEULE : : Spades, Astrid Bergès Frisbey ESSOR : : en pointillés CRÉDITS : : Spades (avatar), Pando (signa) ERRANCE : : 31/08/2016
Sam 29 Oct - 17:17
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Dancing on lines not to cross

Bien sûr qu'elle blasphème. Quel autre refuge y a-t-il pour elle sinon cette insolente nonchalance qui n'épargne ni les profanes ni les dieux ? Quel autre recours pour une cambrioleuse capricieuse prise de court ? Il faut, de fait, aimer le sacrilège pour oser profaner d'un même élan et les demeures et les églises – pour réduire le monde aimé des dieux à un musée à piller. Mais d'audace et d'amour pour l'art au dépens de tout le reste la donzelle ne manque guère. Sourde au bon sens, la féline se hérisse dès qu'est mentionné ce terme hideux de geôlier. Irréfléchie et infléchie de fierté irascible. Son iris scintille et s'indigne. Y miroite l'orgueil de ceux qui se pensent roi – parce qu'elle est comme ça, Kats, convaincu qu'elle est que le monde entier n'existe que pour être foulé au pied.

La vision du mobilier piqué de billets fait dans son esprit des ricochets – un premier amusé, un second outragé. La lippe se plisse en une moue insigne de bouderie. La peste a bien tenté de se glisser dans les appartements à l'instant loués, mais force a été de constater que les chiens de garde sont là-bas plus efficaces qu'ici : sa curiosité a été chassée, et la porte derrière elle claquée. Ceci, cependant, la brunette le tait. L'aveu l'insupporterait, comme s'il posait sur l'incident une couche supplémentaire de réalité. Alors, comme elle l'a fait de tous temps, l'insolente indolente, du siège où elle trône en fausse reine, se fend de tout le dédain d'un décorateur d'intérieur au snobisme distant :

"J'ose espérer que vos broderies sont au sens figuré."

Et le ton de suinter qu'il n'y a que l'art moderne qui puisse sans honte ni regret afficher le kitsch à un tel degré. À la richesse des lieux, la belle nocturne préfère celle des esprits – ceux qui peignent, sculptent, rêvent. L'opulence ne l'intéresse qu'en art, où il a la même valeur que le plus cru des dénuements – peu importe, tant qu'il sort de la masse, tant qu'il sort de l'ordinaire et de sa nasse. Et de nasse, Kats sent celle-ci se refermer. Elle n'en ploie pas moins l'échine, mais non vers la terre et l'humilité. Non, c'est vers le plafond et l'araignée que rampe son attention, vers la valseuse minuscule et esseulée. Pauvre chose. Hors de sa prison de verre, elle perd ses repères. Le poil frissonne, les mandibules tressaillent. Il y a tant d'humanité dans cette crainte face à un inconnu soudain dévoilé que l'intruse en serait désarçonnée. Elle qui ne compatit que rarement avec ses pairs trouve dans la danseuse aux soies discrètes un dilemme doux autant qu'aigre : celui d'un être qui ne vit qu'en cage et craint la liberté comme d'autres craignent leur décès.

"Et qui donc enverrez-vous, alors ? Ne craignez-vous pas qu'elle échappe à des doigts malhabiles ?"

Au nombre de ses qualités limitées, la cambrioleuse compte des doigts de fées. Il est cependant vrai que ses phalanges sont plus habituées à dérober bijoux qu'araignées... mais elle n'est pas femme qu'un défi ferait fuir – et plus encore, la perspective de se mouvoir hors de portée du canon sur elle pointé tente la peste alors même qu'elle sait pertinemment qu'il faudrait être fou pour la lui accorder. À l'instar de l'arachnide, la féline pourrait filer si l'occasion passait à portée, folle et leste qu'elle est. De salut, cependant, il faudra se passer : le Lucifer des soies déjà tonne et ordonne. En réponses à ses mots s'annoncent de nouveaux maux pour la madrée. Ils tombent en pluie de pas dans le couloir, averse aux semelles de cuir ciré et noir. Bientôt, leur trinité navrée s'encadre dans la porte. Trois costumes bien coupés, drapés sur des visages qu'elle ne voit pas, ne retient pas, la dédaigneuse qui ose secrètement se ravir des orages qui couvent dans leurs oeillades. Après tout, s'il lui faut tomber et être prise la main dans le sac convoité, le monde devra avec elle mordre la poussière et en ressentir tout l'amer. Va. Charme la tempête de leurs tempéraments exaspérés. Vois si l'on peut mourir d'être foudroyée du regard, d'être fusillée de l'iris. Va. Valse. Vole. Un jour tu tomberas.

Dans cet instant d'épiphanie où l'arme s'abaisse, elle se sentirait pousser des ailes – des ailes d'Icare, et l'orgueil pour chuter avec. La plante de ses pieds posés au sol frémit et exige d'être libérée – de se libérer, de s'envoler quitte à en crever. Mais la pièce bondée n'est pas piste de décollage. Les sémaphores d'obsidienne sont geôliers et il lui faut, avant même d'avoir commencé, abandonner. Céder ses poignets. Serrer les dents et redresser le dos. Dire, sans un mot, que leurs cordes seront futiles et leur étreinte fugace sur sa peau – et ce alors que sous son crâne coasse la cacophonie de ses cauchemars : Tu te croyais araignée. Tu n'es que papillon emprisonné – liée de soie, mais liée contre ton gré. Les ailes engluées et le coeur brûlé. Le joyau d'une collection de lépidoptères épinglés, un trophée – piégé. Dans le creux de son chanvre qui l'étreint plus étroitement que le plus jaloux des amants, la belle laisse ses poignets distraitement autant que discrètement chercher – tourner, tester, tirer – sans jamais le moindre regard leur accorder. Non, au maître de maison seul désormais parmi ses araignées son attention est réservée. Si elle n'était vexée au dernier degré, la demoiselle pourrait se laisser piquer de curiosité. Si elle n'était rongée de vers autant que de voix, elle devrait s'inquiéter. Que fait le Diable quand il croise en ses cercles privés une présence qu'il n'a autorisée ?

La question suscite en réponse un haussement d'épaules à l'élégante nonchalance que dément la moue toujours clouée sur sa bouche boudeuse. Sait-elle dans quel pétrin elle s'est aventurée ? Oui. Saisit-elle pour autant le danger ? Oui – à bras le corps, comme Ménélas retint Protée.

"Je pourrais dire que j'ai vu l'absence de lumière, alors je suis entrée... mais nous savons tous deux que ce ne serait pas vrai." Cils et sourire s'ourlent de malice. Les boucles à son cou bruissent alors qu'elle courbe la tête sur le côté, brave uniquement pour braver autrui ou les interdits, la gamine gâtée pourrie. "Vous êtes Lev Sianov, Baron de votre Bratva, éminence grise – ou rouge faucille, peut-être -, Maître des Méduses."

Sur ses lèvres, les majuscules claquent et éclatent. Les mots sonnent en invocation, s'alignent presque avec précaution : l'apparat annonce d'abord le plus connu et dégringole jusqu'au plus intime. Quant à lui rendre la politesse des présentation, l'anonyme s'y refuse. En aurait-il d'ailleurs cure, du nom d'une intruse ? La gloire des cambrioleurs et des voleurs, si elle dure, de leurs noms se passe et s'épure.

"Ce que je ne sais pas" qu'elle admet, la lippe plissée, "c'est ce que vous faites dans une pièce enténébrée. Vous me semblez pourtant plus homme de lumières."

Alors qu'elle laisse les mots s'écouler, presque à l'insu de son gré, autour de ses poignets liés, les doigts explorent et les voix déplorent. Que cède la chair, que cèdent les fers.

claude gueuse
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