Olga ♦ She feeds on stainless souls

(I)L’enfant se tait, alors que l’autre rugit. Lippes closes, silence de plomb, une attitude spectrale dans ses manies de quémander l’affection de la marâtre qui la repousse infiniment, ritournelle disgracieuse et grinçante d’un chérubin cherchant l’affection maternelle. (II) Les livres pour seuls alliés, la solitude comme amant, elle s’abîme dans les pages des romans et dans les apprentissages que l’on daigne lui enseigner, élève modèle, enfant oubliée, elle n’est rien d’autre que l’ombre négligée qui traîne des pattes dans les confins d’un château glacé. (III)  La sylphide use du sarcasme comme l’autre utilise la violence, brandissant les mots blessants comme l’on utiliserait les poings brandis. Les paroles provocatrices en guise de religion.    (IV)Lionceau aphasique, elle laisse le Ménechme rugir pour deux, tempêter contre les silences, contre l’apathie. Elle le chérit ce jumeau si différent de sa personne, l’opposé, l’astre solaire. Il est dominant, elle refuse d’être dominée. Elle mord, bataille, feule. Tâchant d’anéantir les élans machistes et surprotecteurs qu’elle dédaigne. (V) Pure et chaste, la fleur encore indemne. On rigole, on murmure. La petite princesse a les cuisses aussi serrées que ses lippes. Elle ignore les moqueries,  ferme les yeux sur les dires des uns et des autres. (VI) Point sensible sur un cœur  d’enfant, la nymphette n’apprécie pas aborder le sujet de la marâtre ou d’entendre murmurer entre les murs et dans les courants d’air les possibles ressemblances qu’elle partage avec sa génitrice.  (VII)  Douceur délicate, pétale de rose fragile, Olga possède le faciès angélique et poupin d’une femme-enfant. Pourtant, sous la délicatesse se cache la bestialité  des Koskov. Sous les airs angéliques, elle n’en reste pas moins sauvageonne des plaines blanches. (VIII) Visage impassible, contrôle de soi imparable, masque Nô de parfaite indifférence, Olga encaisse. Elle mine l’indifférence, bien trop souvent trahit par les sillons  qui se dessinent aux coins des yeux ou par le pincement des babines en cas de désaccord. Tempête calme et froide, elle n’éclate pas, elle rumine, volcan encore endormi sous les eaux glaciales d’un océan gelé. (IX) Elle ne jure que par la simplicité, chez elle, rien n’est extravagant. Sa demeure comme sa toilette hurle à l’élégance frôlant parfois le manque de personnalité que seuls viennent racheter les livres entassés çà et là ainsi que la grâce calculée de ses mouvements. Il n’y a aucune fioriture, aucune parure artificielle chez sa personne ni dans son antre. (X)  Gamine négligée par le pater, sans attrait aux yeux du géniteur la jugeant faiblard, elle remonte dans l’estime, se voit miroité dans les hautes estimes paternelles alors qu’elle se révèle farouche et indomptée, fière héritière qu’elle doit être. Elle dédaigne les louanges, minaude l’indifférence face aux adulations, camouflant derrière ses mines désabusées le plaisir détaché qu’elle y prend.